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S’intégrer dans un nouveau pays n’est pas chose aisée. Comprendre sa langue, sa culture, sa vie en société prend du temps. L’acclimatation ne se fait pas en une poignée de semaines et il faut plusieurs mois pour assimiler les codes et les coutumes. Surtout, vivre loin de sa famille, de ses ami.e.s, rend cette adaptation encore plus difficile. Nos onze footballeurs n’ont pas dérogé à cette règle et racontent, avec recul, les premiers moments de leur périple anglais.

Des jours, des semaines, des mois, souvent, ont fallu pour construire un nouvel héritage culturel. Une langue, quelle qu’elle soit, ne s’apprend pas uniquement à travers les livres, les dictionnaires ou les vidéos sur internet. Elle s’acquiert, aussi, en société. Pour nos onze footballeurs, l’intégration outre-Manche ne fut pas forcément une partie de plaisir. En 2006, Zoumana Bakayogo quitte la France pour rejoindre l’Angleterre, à seulement 20 ans. En arrivant à Londres, le Parisien de naissance galère : “L’apprentissage de l’anglais a été très difficile pour moi, je ne vais pas le cacher… Franchement, je n'y arrivais pas. Millwall (son premier club en Angleterre), avait même engagé une prof d'anglais pour que j'apprenne et je n'y arrivais toujours pas (rires). Ce qu’on apprend à l'école en France n'a rien à voir ici. Absolument rien à voir”.

Des premiers pas difficiles, partagé par Hamza Bencherif, qui, comme Zoumana Bakayogo a quitté l’hexagone en 2006, une fois la majorité passée. “En arrivant ici, j’étais nul (rires). Mon niveau en anglais était proche de zéro. Mais l’avantage que j’ai eu, c’est que je me suis retrouvé le seul français à Nottingham. Je côtoyais au quotidien des mecs qui ne parlaient pas ma langue : des Anglais, des Allemands, des Suédois, et cela m’a permis d’apprendre sur le tas”. L’isolement, un facteur d’apprentissage plus poussé ? Sans aucun doute pour Zoumana Bakayogo : “C’est lorsque je me suis retrouvé seul à Tranmere, en 2009, que j’ai vraiment compris et appris la langue. Avant, j’étais toujours avec des Français dans les clubs où je suis passé. Je comptais beaucoup sur eux pour m’aider et finalement, ça m’a desservi”. De son côté, Yannick Makiese l’avoue, sans son petit boulot de serveur dans un restaurant de la capitale londonienne, il n’aurait pas appris l’anglais aussi rapidement.

L’Angleterre, comme d’autres pays, a la particularité, selon les comtés, d’avoir un accent légèrement changeant. La compréhension et la difficulté à assimiler la langue deviennent alors de vrais obstacles pour beaucoup de personnes. En voyageant de clubs en clubs, de villes en villes, Jean-Yves Koue Niaté (Aldershot/D5) a baigné dans ces différences linguistiques. Le défenseur central de 27 ans passé par Solihull Moors (D5), Oxford City (D6), Ebbsfleet (D5), Guiseley (D6) et Torquay (D5), raconte comment il a vécu les écarts de langage entre le sud, le centre et le nord de l’Angleterre.

Ces changements de prononciation, de mots, de verbes, Thierry Audel les a vécus de l’intérieur à Macclesfield, dans le comté de Cheshire. “Quand j'ai signé à Macclesfield, l’accent n’était pas le même qu’à Londres car la ville est proche de Manchester (la ville de Macclesfield est située à une heure de Manchester). Je ne comprenais pas toujours tout et les notions d'anglais que j’avais déjà ne suffisaient pas. Il a fallu s’adapter à l’accent !” Apprendre sur le tas est dès lors indispensable. Néanmoins, ce n’est pas toujours évident pour tout le monde. Maxime Biamou (Coventry/D3) concède avoir forcé sa nature pour s’ouvrir à la langue : “J’ai une ‘mentalité à la parisienne’, c’est-à-dire que j’ai du mal à m’ouvrir aux gens, tout en étant assez réservé. Lorsque je suis arrivé en Angleterre, je ne parlais à personne, hormis un français. En plus, je ne vivais pas à Londres comme mes coéquipiers de Sutton, mais à Southampton avec l’ex-femme du coach adjoint. Je parlais avec elle, mais je passais beaucoup plus de temps dans ma chambre. J’ai mis plusieurs semaines à progresser”.

D’autres, malgré un apprentissage de l’anglais en amont, ont vite été confrontés à la dure réalité de la vie en société, c’est le cas de Stéphane Ngamvoulou (Maldon & Tiptree/D8). À son arrivée en Angleterre, le milieu de terrain pense avoir des bases solides et intéressantes de la langue de Shakespeare, liées - entre autres - à sa passion pour le catch et les séries. Mais alors qu’il demande son chemin à un agent des transports, l’ancien joueur de Romorantin va déchanter à sa grande stupéfaction.

Si une application de rencontre a pu permettre à Stéphane Ngamvoulou de mieux comprendre l’anglais, certains joueurs n’en ont pas eu besoin. En débarquant à Oldham (League One/D3), Timothée Dieng sait que son niveau en anglais est brinquebalant. Le défenseur met alors tout en œuvre pour apprendre efficacement la langue.

Au bout de plusieurs semaines, le natif de Grenoble est rapidement capable de comprendre et d’échanger, mais pour s’assurer définitivement un bagage conséquent, il décide de prendre des cours d’anglais lors de sa deuxième année au nord de l’Angleterre : “J’avais besoin d’acquérir un nouveau vocabulaire pour pouvoir avoir plus de confort dans la langue” décrit-il.

De son côté, Mikael Mandron est sans doute l’un des rares joueurs francophones à n’avoir eu aucune difficulté ou presque à s’acclimater à la vie anglaise. Arrivé à Sunderland à l’âge de 16 ans, l’attaquant originaire de la région parisienne a eu la chance d’avoir eu, pendant sa jeunesse, des cours particuliers auprès d’un membre de sa famille. “C’est toujours difficile au début. J’avais malgré tout des facilités avec l’anglais car mon père à des origines écossaises. Il me parlait en anglais quand j’étais tout petit et je lui répondais en français. Je n’étais pas forcément bilingue, mais j’avais des facilités”.

Vivre pendant plusieurs années dans un autre pays change foncièrement la manière d’être, aussi bien linguistiquement que socialement. Pour beaucoup de joueurs, s’imprégner de la mentalité anglaise a été un premier palier à franchir et désormais, le sentiment d’appartenir plus à l’Angleterre qu’à la France, son pays d’origine, est devenu une normalité. Rémy Clerima en est la parfaite illustration. Parti de l’hexagone à 20 ans, il vit désormais à Londres et ne se voit pas repartir en France à l’avenir. “Ma vie est ici, désormais. Je pense que si je n’étais pas venu ici pour le foot, je n’aurais jamais appris l’anglais comme je le parle maintenant. Je n’écoutais pas les cours au lycée (sourire). Aujourd’hui, je ne réfléchis pas avant de parler en anglais, c’est devenu intuitif. Avec ce que je fais en parallèle du foot, je réalise que c’est très important de bien savoir parler l’anglais”. Une juste récompense à ses yeux : "Je suis heureux car lorsque je suis arrivé, je ne comprenais pas grand-chose. Tous les soirs, j’allais sur Google Traduction et je me forçais à apprendre des mots. Désormais, quand je pars en vacances avec des amis français, je leur fais la leçon car ils ne parlent pas un mot d’anglais (rires). Le latéral droit est même en train de faire les démarches administratives pour obtenir la nationalité anglaise.

S’enrichir en travaillant est également un bon moyen pour avancer dans une société dont on ne connaît pas tous les uses et coutumes. Stéphane Ngamvoulou l’affirme : “Les enfants ont participé à ma progression quand je travaillais dans une école. Ils m’ont aidé à comprendre leur langue. Maintenant, je parle couramment anglais et il m’arrive même fréquemment d’oublier des mots en français”.

Cette nouvelle nationalité, plus de 150 000 personnes l’ont obtenu en 2018, soit 27 % de plus qu’en 2017. Plus de 4 000 citoyens français ont pu également l’avoir, trois fois et demi plus que deux ans auparavant (4103 en 2018 contre 1163 en 2016).

Cette promiscuité des Anglais vers les étrangers, le milieu d’Exeter City (League Two/D4), Nigel Atangana y est confronté tous les jours et semble l’apprécier.

Fiancé à une anglaise et tout jeune père de famille, Mikael Mandron concède qu’au fil des années, sa mentalité française a totalement disparu. L’attaquant de Gillingham (League One/D3) est même parfois comparé, dans l’apparence, à une personne anglaise.

Si beaucoup confirment avoir changé de mentalité, d’autres ont eu du mal à se sentir pleinement anglais. “Je ne pense pas avoir assimilé la mentalité anglaise, confie Yannick Makiese. Je ne pense pas non plus que je l’aurais à l’avenir. Je suis un français avec des racines africaines”. Timothée Dieng poursuit : “Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression d’avoir la mentalité anglaise. Mais je ne sais pas ce que les gens ressentent. À mon avis, il faudrait me poser la question quand je reviendrai en France. C’est peut-être à ce moment-là que les gens me diront : Ah oui, tu as bien changé Timothée’ (sourire)”.

Jouer dans les divisions inférieures anglaises permet à de nombreux footballeurs de voyager aux quatre coins du pays et d’y découvrir les richesses sociales, économiques et culturelles. Un Anglais du nord n’aura pas les mêmes richesses qu’un Anglais du sud et inversement. Nigel Atangana n’a pas compté ses kilomètres depuis son arrivée en Angleterre. Passé par Havant & Waterlooville, Portsmouth, Leyton Orient, Cheltenham et enfin, Exeter, le milieu récupérateur a découvert des villes différentes les unes des autres : “À Londres, par exemple, tu vas retrouver de tout. C’est une ville multiculturelle. Il y a beaucoup de communautés. Tu rencontres aussi pas mal de Français. À Portsmouth, il y a des étudiants forcément, mais ils viennent de tous les horizons, du Qatar ou des Émirats arabes unis. Cheltenham, c’est une ville riche, très riche. Enfin, Exeter, comme Portsmouth, est une ville très étudiante avec une immense université. Personnellement, j’ai aimé toutes les villes, explique-t-il. Après, si je devais choisir une ville en particulier, ce serait Cheltenham. La qualité de vie là-bas est exceptionnelle. Il y a des bons petits restaurants et tu pouvais te promener tranquillement dans le centre-ville”.

S’extérioriser, découvrir des paysages, Mikael Mandron l’a fait à Sunderland au nord du pays, dans une région qui, contrairement aux apparences, a son charme : “Sunderland est une ville loin de tout. Il y a seulement Newcastle qui se situe à une cinquantaine de kilomètres. Il n’empêche que cela reste une magnifique région pour se promener. Je ne suis pas totalement anglais, mais si je devais l’être, je serais un anglais du nord, de Sunderland ou de Newcastle”.

Plus à l’est de l’Angleterre, Timothée Dieng vit à Southend-on-Sea, une cité balnéaire située à environ une heure de Londres. Le défenseur central, qui a habité à Manchester et Leeds avant de poser ses valises sur la côte, reconnaît avoir trouvé un lieu de vie plus calme : “C’est différent par rapport à Manchester et Leeds qui sont des villes avec beaucoup plus de choses à faire. Je sortais souvent à Manchester et je me suis fait pas mal d’amis là-bas. Ici, à Southend, la vie est plus calme. La mer est juste à côté, même si bon, je ne vais pas dedans compte tenu du temps (rires)”. À Londres, la vie sociale et culturelle est tout autre. Stéphane Ngamvoulou le concède volontiers : “J’ai beaucoup d’amis étrangers, que ce soit des Anglais, des Italiens, des Espagnols. Je suis quelqu’un d’assez ‘friendly’ on va dire (sourire). Plus jeune, je sortais pas mal et je buvais aussi pas mal (rires)”.

Découvrir, sortir, s’enrichir, tel a été le quotidien de ces footballeurs pour se confondre dans la société anglaise. Un travail de plusieurs mois dont les fruits ont été récoltés par l’apprentissage parfait de l’anglais et l’insertion sociale. Désormais, ils sont liés à cette vie si particulière. Celle d’avoir épousé deux manières de voir le monde, en français, et en anglais.

Certains ne s’en cachent pas, vivre quotidiennement auprès des Anglais leur a permis de mieux comprendre la mentalité de ce pays. “En Angleterre, les gens vont tout faire pour que tu aies un développement sain en dehors du foot. Tu vas être aidé et bien accueilli, souligne Hamza Bencherif. Quand je suis arrivé à Nottingham par exemple, ils ont vraiment tout fait pour m’aider. Ils me demandaient ce dont j'avais besoin. Ils venaient spontanément vers moi. En France, les gens sont beaucoup plus focalisés sur le foot et ne songent pas forcément à savoir ce qu’un jeune a besoin dans son équilibre, c’est la grande différence entre les deux pays pour moi”. Maxime Biamou ajoute : “À Londres, les gens allaient à ma rencontre. Ils échangeaient avec moi pour savoir qui j’étais, ce que je faisais et ce que j’aimais”. Une ouverture d’esprit et des différences de comportement qu’a ressentis immédiatement Zoumana Bakayogo : “Les Anglais ne sont pas dans le jugement de l’autre. En France, les gens jugent systématiquement et tirent la gueule en permanence. Quand je suis retourné à Alfortville pendant un an, entre 2008 et 2009, je ne me suis pas senti à l’aise.  Au bout d'une semaine je voulais repartir en Angleterre (rires). Les gens en France sont beaucoup trop fermés. Ici, tout le monde est ouvert, tu parles à tout le monde, il y a des gens que tu ne connais pas, ils vont te dire bonjour comme ça. Ils vont sympathiser avec toi pendant quelques minutes, après ils vont faire leur vie. À Paris, je n’ai jamais connu ça”.

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le dur apprentissage de la langue

s'imprégner de la mentalité anglaise

une atmosphère sociale différente entre les régions

“Je ne comprenais pas toujours tout et les notions d'anglais que j'avais ne suffisaient pas”

“J'avais besoin d'avoir des cours d'anglais pour acquérir un nouveau vocabulaire”

“Les anglais venaient spontanément vers moi pour me parler”

“Au bord de la mer, la vie est plus calme”

"À guiseley, j'avais du mal
à 
les comprendre"

"je me suis RAPIDEMENT ACCLIMATÉ à la langue"

"en angleterre, les gens sont très serviables"

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